
Francesca Gambazzi (photo ci-dessus) est ingénieure en environnement et cheffe de projet au sein de CSD INGÉNIEURS SA. Forte d’une expérience dans l’aide humanitaire, elle a été appelée par le corps d’aide humanitaire suisse (CSA) de la Direction du développement et de la coopération (DDC) pour intervenir dans le camp provisoire construit après l’incendie du camp Moria.
CSD lui a posé 3 questions :
Vous êtes membre du corps d’aide humanitaire suisse (CSA), qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Je suis devenue membre de l’aide humanitaire en 2012, bien avant mon entrée chez CSD. Rester active dans ce domaine et mettre à disposition mes compétences pour des interventions plus ou moins urgentes, me tient à cœur. En tant que membre de CSA je peux échanger mes expériences, profiter des connaissances des experts séniors de toute la Suisse, mais également participer à des formations organisées chaque année par des institutions soutenant l’aide humanitaire suisse (CHYN, Eawag, etc.). Lors de mon engagement chez CSD, j’ai pu obtenir un accord de principe pour des mobilisations à court terme, pour autant que mes projets ne soient pas impactés par mon absence.
Que mettez-vous concrètement en place dans la structure du nouveau camp ?
L’aide humanitaire suisse intervient après une évaluation rapide effectuée dans les premières heures après l’événement déclenchant son activation. Dans le cas de Lesbos, la Suisse a décidé de soutenir le gouvernement grec dans l’approvisionnement en eau, un domaine qui n’avait pas été pris en charge par d’autres acteurs et qui est considéré par la Suisse comme le premier axe d’intervention d’urgence. Au vu de l’absence d’un réseau exploitable pour le camp, des équipements pour le stockage et la distribution d’eau ont été envoyés depuis la Suisse vers la Grèce. Quelques heures après mon arrivée, le matériel a été livré à Lesbos. Il a alors fallu rapidement trouver les transporteurs d’eau, vérifier les sources (quantité/qualité), négocier les prix, établir des contrats, organiser les travaux de creuse des drains et des fosses, installer les équipements, assurer la production des premiers stocks de chlore, monitorer les niveaux de chloration finaux et gérer l’affluence lors de l’ouverture du premier point d’eau (ce qui n’est pas la tâche la plus facile !). Toutes ces actions se sont déroulées dans un contexte d’urgence peu structuré, géré par des acteurs très hétéroclites (gouvernement et armée grecs, UN, ONG, etc.) sans une chaîne de décision bien mise en place.
En quoi votre fonction au sein de CSD vous a-t-elle permise de mener cette action à Lesbos ?
Pour cette intervention, il fallait avant tout faire preuve de flexibilité, disposer des capacités de négociation, puis surmonter les barrières linguistiques et culturelles, tant avec les acteurs gouvernementaux qu’avec les réfugiés. Mes missions à l’étranger précédentes dans le domaine de l’aide humanitaire et du développement, ainsi que mes expériences au sein de l’équipe export de CSD, ont contribué à mener à bien cette action.
